Atelier réalisé à l’Institut de La Providence.
OBJECTIFS POURSUIVIS
– Écrire et déclamer son autoportrait poétique en langue française
– Créer une relation personnelle et ludique à l’expression écrite et orale
– S’approprier l’écriture et la poésie comme outils de connaissance et d’estime de soi, de l’autre et du monde
– Se familiariser avec la prise de parole
– Prendre conscience de la présentation de soi
– Développer la concentration et l’écoute des participants
– Développer la dimension humaine du rapport professeur /élève
DESCRIPTION et DÉROULEMENT
La poésie et l’écriture sont des domaines dont la majorité des écoliers se détournent ou plus exactement s’excluent de prime abord parce que «c’est trop difficile , je ne suis pas écrivain » ou que « je fais des fautes d’orthographe » ou encore parce que « j’y comprends rien ». Comme si ces disciplines étaient très éloignées de leurs univers.
Quant à envisager de dire un texte en public, cette perspective génère des angoisses chez le plus grand nombre qui, à priori se sent incapable d’un tel exploit, comme si l’art de la parole était inaccessible.
Pourtant chacun naît avec ces dons mais tend à l’ignorer et finalement se sous estime.
Cette attitude serait d’autant plus prononcée chez les participants au projet, pour certains parce qu’ils se destinent à apprendre un savoir technique et déconsidèrent d’office ce qui semble « inutile », et pour d’autres parce que leur langue maternelle est autre que celle utilisée en classe et qu’ils ont pour mission d’acquérir le français.
L’atelier « S’l’âme fait du bien » est un jeu qui permet dans un esprit positif de réveiller ces outils puissants de découverte de soi, des autres et du monde que sont l’expression écrite et orale, quels que soient le métier auquel on aspire et la langue que l’on parle.
Il encourage l’apprentissage et constitue en cela une approche pédagogique innovante grâce à la complicité des enseignants qui l’accueillent.
Il s’agit d’une double initiation :
– D’une part, à l’écriture poétique ,selon la technique de la louange (cet art est pratiqué dans beaucoup de cultures africaines et se nomme le Kàsàla ; il consiste à faire l’éloge de la personne)
– D’autre part, à l’expression publique de la personne selon des rudiments de technique vocale (cet aspect s’inspire du travail d’Augusto Boal fondateur brésilien du théâtre de l’Opprimé)
En moyenne il est souhaitable de consacrer 2/3 des séances à l’exercice d’écriture durant lesquelles les élèves lisent à haute voix aussi leurs productions mais ne font pas spécifiquement l’objet de remarques visant à les faire progresser contrairement au 1/3 restant des séances consacrées à l’expression orale.
Au cours des deux premières séances les règles du jeu sont exposées et notées par les participants, elles seront cependant rappelées tout au long du parcours.
Et la majorité s’essaye généralement à une première tentative d’écriture .
Les séances suivantes, selon le niveau de français des classes, sont consacrées à un travail en amont de l’écriture poétique qui permet d’explorer des champs sémantiques directement utiles :
les traits de caractères, les matières, les couleurs, les cinq sens, les éléments de la nature, la flore, la faune.
La recherche créative des élèves génère des questions tant du point de vue du vocabulaire que de la grammaire ou de l’orthographe et devient un support d’apprentissage très concret et si personnel que ce qui est découvert est généralement retenu pour de bon.
De même, à l’oral les remarques de phonétiques ou sur l’articulation prennent un sens positif puisqu’elles sont destinées à permettre à l’élève de faire entendre ce qu’il a composé, considéré comme tout pratiquant d’un art de la parole, acteur, chanteur, orateur et non comme un élève parlant mal.
En outre, cet exercice développe la concentration, l’écoute, le respect, l’esprit d’équipe et l’affirmation de soi. Car chacun sent lorsqu’il passe à l’oral, à quel point il est nécessaire d’avoir
l’attention des autres, mais apprend aussi à gérer les limites de cette solidarité.
Enfin la poésie, vécue comme une perception du monde, la plus fine et personnelle possible, devient une attitude constructive et valorisante plutôt qu’un art inaccessible .
Les textes s’écrivent à des rythmes différents pour chaque participant.
L’essentiel est qu’au terme du projet, chacun ait atteint la satisfaction d’avoir créé un texte et travaillé à l’oral de façon personnalisée.
ÉVALUATION
Un tel exercice , créer ET déclamer un texte directement lié à qui l’on est, est en soi très difficile à exécuter, même pour un professionnel, même dans sa langue maternelle. Que dire de son exécution en langue étrangère ?
Imaginez-vous catapulté en pays étranger depuis quelques mois et vous soumettre à ce jeu …
La lecture des textes écrits par les participants aux ateliers est concluante. Le pari audacieux risqué par l’Institut de La Providence est gagné. La barrière de la langue tombe devant le plaisir pris par ces auteurs en herbe à donner et écouter leurs mots. La peur et les « à quoi bon ? » font place aux sourires et à une meilleure estime de soi, des autres et du monde .
Un premier pas vers une plus grande confiance, en soi et dans les autres, indispensable pour affronter l’univers dans lequel nous évoluons.
Le projet pourra nous l’espérons grandir encore l’année qui vient : chaque poème trouverait une prolongation, un supplément d’expression, si son auteur le désire, puisque l’atelier de dessin de l’Institut de la Providence propose une collaboration, pour en faire des illustrations .
COMMENTAIRES
Commentaire des élèves auxquels il a été demandé de dire ce qu’ils ressentent pendant la lecture après avoir lu leur portrait; ils répondent : « Je me sens bien ».
Commentaire de Mme Bernadette Férire, professeur d’une des classes passerelles concernées par le projet :
« Cet atelier ouvre l’esprit des élèves et leur ouvre des horizons : ils observent des tableaux , touchent des matières, enrichissent leur vocabulaire et leur donne l’impulsion de faire des phrases.
Cela les valorise car ils réussissent à lire leur texte de façon claire et expressive, grâce au travail sur la voix et la position, la prononciation.
Ils se font comprendre, créent un texte alors qu’ils s’en sentaient incapables au début et qu’ils étaient souvent réticents.
C’est semer une graine pour leur épanouissement personnel. Je pense que c’est une chance pour des élèves qui ont souvent une mauvaise image d’eux même. »