Kasala Auto louange
Dignité,responsabilité honneur découverte de soi gratitude célébration transformation rituel sacré sont les mots qui reviennent dans la littérature qui décrit le Kasàlà.
Kasàlà est un mot ciluba (une des 4 langues de RDC)
Il désigne la tradition orale africaine qui consiste à faire un
Poéme récit cérémoniel.
Il s’agit d’un genre poétique et musical qui célèbre la vie dans la personne.
Cette auto célébration est remarquable dans la grande majorité des cultures africaines où l’organisation sociale privilégie l’intérêt commun et la solidarité du groupe .Le kasàlà a là surtout une fonction exutoire.
Le kasàlà invite la personne à faire son propre éloge et revêt à mes yeux la plus grande importance
S’autoriser à faire l’éloge poétique de soi ,prendre conscience et reconnaître sa propre valeur,proclamer sa spécificité est une pratique vitale dans une société pratiquant l’exclusion ,l’uniformisation ,le déni de ses émotions et la domination par l’humiliation.
.La magie du kasàlà est qu’il rend perceptible le lien humain dans ce qu’il a de positif:
nous sommes chacun unique (comme le prouvent nos empreintes digitales ou le timbre de notre voix ou notre iris)mais nous sommes aussi tous semblables par notre appartenance à l’espèce humaine .
Ainsi ce que je m’autorise à écrire sur moi même devient un éloge de l’autre à travers la proclamation et l’écoute.
Grâce au processus humain de l’identification qui veut je m’identifie à ce que j’entends ou vois cela fait écho en moi.
Ecoutons ou faute de mieux lisons quelques Kasàlà.
Pourquoi sommes nous touchés par ces textes ?
Parce que chaque texte écouté est partagé dans un rapport d’identification :entre le texte proclamé qui est composé à l’aide du pronom personnel JE et celui qui le reçoit,celui qui l’écoute.
Le « Je » permet une identification directe et finalement ce que l’un ose écrire à propos de lui- même, c’est comme s’ il l’écrivait pour l’autre qui va l’écouter .
Chaque poème étant cadré par les règles de ce rituel qui demande aux auteurs de faire un éloge, c’est une louange à chacun qui émane de l’atelier ,une célébration de la vie de chaque individu .
Pourquoi je continue à faire écrire et proclamer des auto portraits élogieux :
Une pratique que je porte dans les milieux les plus divers et désormais dans les établissements scolaires découvrant à mesure que j’avance la profondeur des raisons qui m’ont attachées à cet art de la parole .
Au début:je sentais la puissance de cet exercice grâce aux textes créés par les participants ,et grâce aux énergies vibratoires très positives qui se dégageaient lors des proclamations .Les sourires le plaisir pris à dire ce que l’on avait composé
A cela s’est ajouté aujourd’hui la compréhension de cette pratique comme une nouvelle approche ,un antidote ou au moins un pansement aux blessures infligées par l’éducation dominante fondée sur la frustration l’humiliation, le jugement permanent ,l’ironie plus que sur la valorisation des points positifs des personnes.
Ainsi sont imprégnés les rapports quotidiens dans des cercles comme le travail la famille l’école.
La tendance est elle à la prise de conscience d’un changement indispensable ?En tous cas des outils existent dans ce sens .
Le kasàlà en est un .Il développe l’estime de soi et l’estime de l’autre.
Il permet de ressentir la confiance .
Le kasàlà réveille le plaisir de se relier à soi et de se sentir relié aux autres , le plaisir de se connecter à sa véritable force , à son pouvoir personnel et collectif ,
Cela est subversif car le système capitaliste dans lequel nous évoluons se nourrit de l’exploitation des ressources ,entre autre humaines,par la propagation du sentiment d’infériorité qui génère le besoin de compétition.
Le kasàlà permet de se réapproprier la modestie ,l’humilité dans une nouvelle perspective .Et par là de changer son rapport à nous même et aux autres.
La notion d’humilité est un terme considéré en référence à une hiérarchie supérieur /inférieur : il faut rester humble par la négative : se mettre en dessous se restreindre pour ne pas se faire remarquer ,ne pas déranger la communauté alors que pris dans une perspective positive l’humilité et la modestie peuvent être considérées comme une conscience de l’utilité de chacun dans un grand ensemble dont chaque partie vise à être au mieux de sa personne pour la vitalité du groupe .Par la positive l’humilité serait le sentiment pour l’individu de son importance pour le groupe ,la conscience de sa valeur pour la communauté et finalement le courage d’ oser être soi même et le mieux possible .Le Kasàlà nous y invite et offre un antidote à l’humiliation au sentiment d’inutilité, d’incapacité d’impuissance .
Le kasàlà illustre une autre entrée possible dans les relations humaines .Prendre pour méthode non pas l’humiliation mais la reconnaissance de la valeur de chacun pour construire l’ubuntu : ce terme désigne l’humanité considérée comme un ensemble de vies humaines liées en elle
Ubuntu signifie vivre ensemble en confiance et en paix.
Le kasàlà c’est une étape dans la connexion avec son essence humaine dans ce qu’elle a de plus délicieux et que l’éducation telle qu’elle fonctionne met sous contrôle abîme et masque.
Le Kasàlà est un levier pour rouvrir le verrou fermé sur ces portes ,ouvrir les portes de l’ubuntu.
En cela il est une pratique subversive si l’on considère notre monde comme fondé sur le sentiment d’infériorité de beaucoup d’entre nous qui par là acceptent l’aliénation car se sentent impuissants à être autrement .
Entrer dans l’esprit du Kasàlà c’est avoir trouvé la porte de sortie de la civilisation de la destruction au nom de la domination et de hiérarchies factices.
C’est entrer dans l’ubuntu où chacun a une place utile et implique que l’on ne doivent ni soumettre le groupe aux individus ni soumettre l’individu au groupe parce que chacun a conscience de sa propre valeur , de l’utilité de la développer et de la relativité de toute chose.
Poser cet acte ,reconnaître et proclamer sa propre valeur ,partager une part de mon humanité dans ce qu’elle a de meilleur ,c’est aller dans la connexion à cette tout autre vision de l’humanité : une espèce ,dont les moteurs de son développement dans et pour l’harmonie sociale sont : l’enthousiasme, la joie, le plaisir de vivre ensemble, le respect de l’autre, l’entr’aide,la coopération ,
Oui c’est l’épanouissement radieux de chacun ,si unique qu’il ne peut être en rivalité profonde avec l’autre.Et en même temps si infime qu’il a conscience de son appartenance à un ensemble plus vaste se replace à sa juste place dans le cosmos.
Faire son auto portrait poétique élogieux et le partager à haute voix c’est
se connecter à sa force ,c’est se réveiller dans un monde qui rabote les occasions d’avoir conscience de sa propre valeur.
Créer et proclamer son Kasàlà va à l’encontre du principe d’éducation qui veut que l’individu soit élevé dans un rapport de soumission au groupe par la contrainte et l’humiliation.
on apprend à être modestes à se présenter de façon sous évaluée pour ne pas ,ne pas quoi au fait?Ne pas être tout à fait moi même?alors que tout un chacun ne s’enchante t il pas chaque fois qu’il passe un moment avec une autre personne épanouie qui dès lors partage ses connaissances ses ressources par enthousiasme ?
Se dévaloriser ,avoir une image dégradée de soi ,c’est ce que provoque en nous l’humiliation .
L’humiliation est pratiquée comme levier de la soumission ,il est le fondement de la discipline dans un monde réglé par des rapports de domination.L’humiliation a pour conséquence la destruction du capital d’estime de soi nécessaire pour s’épanouir en un être autonome responsable créatif bienveillant heureux respectueux parce que confiant dans son prochain et dans l’univers .Autrement dit la destruction de notre programme de base pour développer le potentiel de confiance de chacun en soi ,en l’autre en l’environnement est très abîmé par notre environnement éducatif.J’invite chacun dans son quotidien à identifier les moments où il ou elle se sent non reconnu dans ce qu’il a fait ou est afin de mesurer le bien fondé de cette présentation.Jean Kabuta indique dans un de ses ouvrages que l’adulte se doit d’inculquer à l’enfant les valeurs morales de bonté,de compassion,de mansuétude générosité bienveillance patience maîtrise de soi loyauté fierté dignité .
Je tiens à souligner une nuance importante : ces valeurs ne sont pas à inculquer elles sont à cultiver car elles sont innées comme le prouvent les neuro sciences et le rôle de l’adulte est de veiller à ne pas endommager ce potentiel .Comme le dit Maria Montessori l’enfant n’est pas une bouteille à remplir mais une source qui jaillit
et ce jaillissement n’est pas négatif Il est capital pour le futur d’intégrer cette perspective dans nos rapports .
C’est à partir d’une anticipation négative que l’on considère que l’enfant incarnerait le mal la perversité ,celui qui veut manipuler l’adulte …
Ce pré supposé implique que l’enfant doit être éduqué par l’adulte car sinon il sera mauvais .L’adulte incarne le bien le droit la loi absolue alors qu’en réalité rien ,sauf des croyances ,n’indiquent que la part de mal qui habite l’humain est supérieure à la part de bien si tant est qu’on puisse les distinguer.
Élever nos enfants sans à priori sans préjugés dans le respect de leur être et de leurs potentiels est le moyen de changer nos modes de vie destructeurs de l’environnement et des hommes et femmes et enfants qui y naissent : climat pollution massacres cancers,avc,burn out dépressions pour ne citer que les symptômes les plus répandus
Pratiquer l’auto portrait poétique élogieux le kasàlà est , une expérience physique de sensations et d’émotions positives que le corps n’oublie pas .Cette expérience devient une ressource pour la personne.La joie la fierté le plaisir le dépassement de ses propres limites,la puissance ressentis pendant et après la création et la proclamation de son texte sont les composants de l’estime ,de la confiance en soi dans laquelle l’individu pourra revenir puiser quand il en aura la nécessité .La mémoire corporelle des émotions est surpuissante !
C’est un selfie pas que sur la superficie .
A la longueur et la largeur de la pause s’ajoutent la profondeur de la 3D et surtout la métamorphoooooose !!!